Apprenez à observer et analyser plutôt que simplement répéter en appliquant cette méthode de travail! Vos pratiques seront plus efficaces!
Pratiquez avec votre cerveau... et non vos mains!
(ou comment être plus efficace lorsque vous travaillez votre violoncelle)
Avez-vous tendance à croire que votre archet finira inévitablement par faire les bons coups d’archet si vous répétez 50 fois un passage complexe dans votre pièce?
Avez-vous tendance à penser que vos doigts n’auront d’autres choix que d’apprendre à jouer juste si vous les poussez à reprendre pour une 31e fois cette mesure comportant plusieurs changements de position?
C’est tout de même drôle parfois à quel point on oublie que c’est notre cerveau qui joue du violoncelle et non nos bras, nos mains ou nos doigts! Bon d’accord, ils ont quand même une certaine importance, mais soyons honnêtes, ce ne sont pas eux qui mènent lorsque vous jouez (même si ça semble être parfois le cas!).
Si un geste n’est pas clair dans votre tête, il ne le sera jamais au violoncelle! C’est votre cerveau qui envoie les commandes à vos doigts. Et ce n’est pas parce que vous répétez le même passage 50 fois qu’il sera plus clair à la 51e fois! Vos doigts ne sauront pas plus quoi faire. Vous risquez davantage d’accumuler des tensions inutiles en plus d’enregistrer un geste qui n’est pas optimal et qui sera ensuite bien difficile à corriger. Il vaut mieux apprendre à pratiquer avec son cerveau. Et comme je le dis souvent à mes élèves, il faut être paresseux pour être efficace. Le moins d’efforts possibles pour le maximum de résultats.
Mais comment y arriver?
1) Posez-vous les bonnes questions
Cette étape est cruciale d’une part pour prendre conscience des difficultés que vous rencontrez et d’autre part pour vous forcer à réfléchir aux différentes facettes de votre jeu. Plus vous progressez et approfondissez la technique du violoncelle et plus vous aurez des pistes de réponses à ces questions :
Notez que bien souvent, il n’y a pas qu’une seule réponse. Un passage peut comprendre plusieurs obstacles. À cette étape, il suffit seulement d’observer quelles sont les difficultés.
2) Ciblez 1 problème à la fois
Puisqu’il peut y avoir plusieurs aspects à travailler pour un même passage, vous devez commencer par cibler une seule difficulté à la fois et vous concentrez uniquement sur ce problème.
Voici quelques exemples d’obstacles que vous pourriez rencontrer :
Une extension avant qui n’est pas juste.
Plutôt que d’essayer de répéter 10 fois l’extension en espérant que le 4e doigt finisse par être plus haut, observez votre geste. Quel est le véritable problème? Votre pouce ne bouge pas? Votre coude gauche est trop bas?
L' archet dévie vers le chevalet.
Si vous n'êtes pas d’abord conscient que votre archet glisse vers le chevalet, vous ne pourrez pas corriger la situation. Il peut donc être souhaitable de travailler régulièrement devant un miroir ou encore de se filmer (bien que l’objectif final consiste à être capable de « sentir » le bon geste à faire sans avoir à se regarder). Demandez-vous ensuite pourquoi votre archet dévie. Est-ce votre tenue d’archet? l’alignement de votre bras et de votre main? Est-ce que le problème survient après un changement de corde?
Un changement de position est faux.
Soyez attentif à ce qui se passe lors de ce changement de position. Votre main se déplace-t-elle en bloc? Avez-vous une idée précise de l’itinéraire à parcourir (une « carte mentale » de votre manche)? Êtes-vous capable de chanter la note à atteindre?
3) Trouvez une solution au problème
Cette étape nécessite quelques connaissances techniques afin de trouver la bonne solution permettant de corriger le problème. Évidemment, plus vous aurez garni votre baluchon de violoncelliste de trucs, de grands principes de base, de conseils proposés par votre professeur et plus vous saurez quelle solution s’applique selon la difficulté rencontrée. Mais même après 30 ans de violoncelle, je continue encore à découvrir d’autres façons d’aborder un problème connu. Il faut donc parfois être créatif dans la recherche de solutions bien que la grande majorité du temps, il existe une réponse assez simple pour surmonter l’obstacle. En gros, tout problème a une solution.
Voici quelques exemples de solution :
Problème : Une extension qui n’est pas juste.
Pistes de solutions : bien bouger le pouce avec le majeur, avoir un coude gauche un peu plus haut, opter pour un ⅞ si votre main est petite et que vous vous sentez déjà tendu sans faire d'extension.
Problème : Un archet qui dévie
Pistes de solutions : revoir sa tenue d’archet, revoir l’alignement du bras et de la main, mieux contrôler l’angle de l’archet sur la corde après avoir fait un changement de corde, travailler devant un miroir
Problème : Un changement de position faux.
Pistes de solutions : penser le déplacement en « main » et non en note, apprendre les notes dans les deux positions, mesurer la distance entre les deux notes en terme de demi-tons, bien bouger le pouce avec le reste de la main, chanter les deux notes en les jouant, faire des aller-retour très lentement
4) Répétez la solution
Une fois la solution trouvée, il faut maintenant automatiser le geste lentement de façon consciente.
Pas besoin de répéter 50 fois le geste si celui-ci est fait de façon intelligente! Cinq fois peuvent suffire si votre cerveau a bien compris ce qu'il doit envoyer comme commandes. Évidemment, il y a certains gestes qui demandent beaucoup plus de temps avant d’être assimilés. Il est bon alors de répéter souvent l'exercice. Pas beaucoup à la fois, mais souvent. Une fois que vous sentez que le geste est plus précis, vous pouvez augmenter la vitesse graduellement.
5) Replacez le problème résolu dans son contexte
Il vous est déjà arrivé d’avoir travaillé en profondeur un passage et qu’au moment de le remettre dans son contexte, vous ayez l’impression que votre travail n’a servi à rien?
Peut-être aviez-vous sauté cette dernière étape!
En effet, ce n'est pas tout de régler un problème, il faut ensuite le rattacher à ce qui vient avant et après, le remettre dans son contexte. Souvent, jouer une mesure avant et une mesure après le « problème » permet de le lier à un tout, de le rendre fluide. Le passage fraîchement « réglé » devrait être répété souvent dans les jours suivants pour s’assurer que tout est bien automatisé.
Certains passages vont demander beaucoup plus de temps avant d’être maîtrisés et c’est normal. Revenez souvent à ces mesures plus difficiles afin de consolider votre travail.
Cette méthode de travail peut sembler longue et fastidieuse. Il faut bien comprendre qu’il s’agit ici de grandes lignes qui vous permettront d’être peu à peu plus efficace dans vos pratiques. L’idée est vraiment de prendre le temps d’observer et d’analyser ce que vous faites plutôt que de « faire du temps » à l’instrument. En appliquant les cinq étapes proposées dans cet article, 10 minutes sur un passage peuvent suffire pour voir un progrès. Vous verrez que vos efforts seront plus payants et vous risquez même de ne plus vouloir travailler autrement par la suite! Évidemment, réservez-vous toujours un moment dans votre séance pour vous faire plaisir, pour jouer des pièces qui vous font vibrer et où vous laissez de côté tout l’aspect plus intellectuel de la pratique. Même si c’est votre cerveau qui joue, il reste que c’est votre âme qui chante à travers votre violoncelle!
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Catégories: : pratique