5 choses à savoir sur le violoncelle baroque

Peut-être avez-vous déjà eu la chance d'assister à un concert de musique ancienne et aviez-vous remarqué la présence de violoncelles joués sans pique? 

Le violoncelle baroque, bien que comportant plusieurs similitudes avec le violoncelle moderne, a une sonorité et une technique qui lui est propre.

Mais qu’est-ce qui caractérise exactement le violoncelle baroque et pourquoi l’appelle-t-on ainsi ? 

Voici cinq choses essentielles à savoir sur l'ancêtre du violoncelle moderne.

L’origine du mot « baroque » 

Le terme « baroque » vient du portugais « barroco » qui désigne une perle irrégulière. Il a d'abord été utilisé de manière péjorative pour qualifier un art perçu comme excessif, chargé, contrasté et foisonnant en ornements. Aujourd'hui, le terme est utilisée pour désigner la musique écrite entre 1600 et 1750. 

Parmi les compositeurs les plus connus de cette époque pour le violoncelle, on compte:

  • Jean-Sébastien Bach (1685-1750) – Ses célèbres Suites pour violoncelle seul sont un incontournable du répertoire et un chef-d’œuvre de la musique baroque.
  • Antonio Vivaldi (1678-1741) – Il a composé de nombreux concertos pour violoncelle, exploitant la virtuosité de l’instrument.
  • François Couperin (1668-1733) – Son œuvre met en avant la sensibilité et l’élégance du style français.
  • Domenico Gabrielli (1651-1690) – Il est l’un des premiers compositeurs à avoir écrit spécifiquement pour le violoncelle en tant qu’instrument soliste.

Parmi les violoncellistes baroques marquants, on retrouve Jean-Baptiste Barrière (1707-1747), qui a écrit des sonates virtuoses pour l’instrument et Giovanni Battista Cirri (1724-1808) qui a contribué au développement du répertoire du violoncelle.

1. Un violoncelle sans pique!

L’une des différences les plus visibles entre un violoncelle baroque et un violoncelle moderne est l’absence de pique. Aujourd’hui, nous sommes habitués à voir les violoncellistes jouer avec une pique métallique réglable qui stabilise l’instrument au sol. Mais à l’époque baroque, le violoncelle était tenu entre les jambes, appuyé sur les mollets du musicien.

Cette posture influence non seulement le confort du jeu, mais aussi la technique. Sans la stabilité de la pique, le violoncelliste doit davantage utiliser ses jambes pour maintenir l’instrument, ce qui réduit la liberté de mouvement du bras gauche et modifie l’approche de l’archet. Cette tenue favorise également un jeu plus léger et articulé, caractéristiques de l’esthétique baroque.

2. Des cordes faites d'intestin

Contrairement aux cordes modernes, qui sont généralement faites de métal ou de matériaux synthétiques, les cordes du violoncelle baroque sont en boyau, souvent fabriquées à partir d’intestins de mouton.

Les cordes en boyau offrent un timbre plus doux, plus chaleureux et moins brillant que leurs équivalents en métal. Cependant, elles sont aussi plus sensibles aux variations de température et d’humidité, ce qui les rend plus difficiles à accorder et plus fragiles. Elles nécessitent également un toucher plus délicat, car elles répondent différemment à la pression de l’archet.

3. Une baguette inversée

L’archet baroque se distingue nettement de l’archet moderne. Il est plus court, plus léger et possède une cambrure inversée : la baguette est moins tendue et forme une courbe plus prononcée vers l’extérieur, contrairement aux archets modernes qui sont plus droits et plus tendus.

Cette forme particulière favorise un jeu plus articulé et détaché, adapté à la musique baroque où l’expressivité repose sur les contrastes dynamiques et les nuances d’articulation plutôt que sur le legato continu. L’archet baroque permet ainsi de souligner naturellement la danse, le phrasé et le caractère rythmique des œuvres de cette époque.

4. Un La qui sonne comme un Sol#

Le diapason utilisé à l’époque baroque était plus bas que celui que nous utilisons aujourd’hui. Alors que le La moderne est généralement accordé à 440 Hz (et parfois même à 442 Hz dans certains orchestres), le La baroque est souvent accordé autour de 415 Hz.

Cette différence d’accord donne une sonorité plus sombre et plus chaleureuse à l’instrument. Elle modifie également la sensation de tension des cordes.

Il est important de noter que le diapason n’était pas standardisé à l’époque baroque et variait selon les régions et les ensembles. Par exemple, en France, sous Lully et Rameau, on trouvait parfois des diapasons encore plus bas.

5. Jouer seulement (ou presque) en 1ère position

Sur un violoncelle moderne, on exploite régulièrement les positions du manche pour accéder aux notes aiguës et faciliter certains passages. En revanche, dans le jeu baroque, l’essentiel du répertoire est conçu pour être joué en première position.

Les compositeurs de l’époque écrivaient la musique en fonction des capacités techniques et des limites des instruments de leur temps. Les déplacements vers les positions plus hautes étaient rares et utilisés uniquement lorsque le compositeur souhaitait un effet particulier. Ainsi, la plupart des œuvres baroques pour violoncelle restent centrées sur les quatre premières cordes en première position, et les changements de position sont souvent évités au profit d’une écriture plus naturelle pour l’instrument.


Le violoncelle baroque est donc un univers sonore en soi qui est très différent du violoncelle moderne. L’absence de pique, les cordes en boyau, la courbure de l'archet, le diapason plus bas et l’usage limité des positions donnent à cet instrument une personnalité unique, en parfaite harmonie avec l’esthétique musicale de son époque. Redécouvrir le répertoire baroque sur un violoncelle baroque, c’est aussi s’immerger dans une approche plus naturelle et intime de la musique, où chaque note respire et danse au rythme du phrasé et de l’articulation.

Que vous soyez violoncelliste ou mélomane, explorer cet instrument vous offrira une perspective enrichissante sur l’évolution de la musique et du jeu instrumental !


Catégories: : inspiration

.